samedi 22 juin 2019

Les épreuves de la vie... Ou comment aimer

Je gravirai les montages, je me battrai avec les requins, je nagerai tous les océans, je franchirai toutes les barrières ! 

- Pourquoi veux-tu faire tout ça ma petite? 

- Mais parce que je l'aime ! 

- Voyons, voyons, l'amour ma petite, aussi fort et aussi mal ça peut faire dans la poitrine, n'est qu'une simple chose. Penses-tu qu'elle sera heureuse de te voir faire tout ça ? Oui, elle sera impressionnée, mais y verra t-elle tout l'amour que ça représente pour toi? 

Ma petite, si tu l'aimes vraiment, pour les 70 prochaines années, vois-là pour la première fois. À chaque jour, prends lui la main et marche à ses côtés à travers les épreuves du temps. Même si tu aimes tant la regarder, assure toi d'aussi regarder dans la même direction qu'elle et les quelques fois où tu verras que vos boussoles ne pointent plus le même Nord, prends le temps qu'il faudra pour que vous vous retrouviez. Les jours où elle verra tout en noir, prête lui tes yeux pour qu'elle voit un peu le monde à ta manière. 

Prends tes couleurs et mélanges les aux siennes afin de créer la plus belle toile, celle de votre vie. Pour tout le reste de ton existence, utilise les mots «je t'aime» comme de l'eau fraîche pour celui qui en manquerait.

Pour les 22 750 prochains jours, prends quelques minutes de chacun afin de réaliser à quel point tu es chanceuse qu'elle t'aie choisie, à quelle point tu es plus forte quand elle n'est pas loin. 

Pour les 546 000 heures qu'il te restent avec elle, profites de chaque caresse, de chaque baiser, de chaque regard pour lui rappeler qu'elle est la plus belle, la plus intelligente, la plus importante, et ce, pour toujours. Fais de son bonheur ta mission et de chaque sourire ta récompense. 

Et à 98 ans, quand votre peau sera comme un livre où chaque ride témoignera de votre histoire, quand vos souvenirs, entrelacés sur des photos et dans vos yeux tenteront de s'envoler, pardonne-la.  

- De quoi?

- De partir. 

lundi 17 juin 2019

Les membres à fleurs de peau... Ou comment attraper des petits bouts de bonheur

Parfois la vie est grise comme un mois de novembre qui dure trop longtemps. Les frissons nous traversent le dos et les entrailles et on ne sait plus trop comment faire pour retrouver un peu de chaleur. Parfois, la vie nous fait des jambettes à répétition et ça devient dur de se tenir debout. Dans ces moments là, le bonheur peut sembler si loin qu'il nous apparaît inaccessible. Comme un mirage placé au bout d'un chemin aride, comme un grain de riz perdu dans un garde-manger trop plein.

Pourtant, quand on s'arrête deux minutes et qu'on tend un peu l'oreille ou l'âme, on découvre qu'il peut se cacher n'importe où. Quand on ouvre bien les yeux, on découvre que l'espoir, le bonheur sont à portée de doigts.

Le bonheur, c'est de trouver un champs de pissenlits à la croisée d'un parc. C'est se balancer si haut que le coeur et l'estomac nous remontent dans la gorge, mais que c'est agréable. C'est lever les yeux vers le ciel un matin morose de printemps et voir que les oies reviennent nous tenir compagnie, promesse de beau temps. La beauté, c'est un rayon de soleil timide à travers les craques d'un rideau. C'est la douceur d'un draps frais un matin chaud d'été. C'est le piaillement des oiseaux alors que le soleil se lève un peu trop tôt pour deux âmes enivrée d'amour et d'alcool. Le bonheur, c'est la première léchée du tout premier cornet de l'été. C'est les couleurs vibrantes d'un sauté de légumes qu'on fait soi-même. C'est sentir l'odeur douce du lilas, plusieurs mètres avant de l'apercevoir. C'est boire un thé chaud et le sentir nous brûler délicieusement la gorge. C'est le silence brisé par les cigales un soir de grande chaleur.

Le bonheur, c'est aussi les gens. C'est les minutes qui s'égrainent lentement au rythme de la musique et les heures qui défilent lors d'une discussion passionnante. C'est la chaleur de la main de sa mère quand on est jeune et apeuré pas la vie. C'est la caresse d'un animal qui n'est que bonté et innocence. C'est l'odeur délicieusement familière qu'on retrouve sur la nuque de la personne qu'on aime. C'est sentir le souffle chaud de celle-ci, juste avant de l'embrasser. C'est d'avoir un fou rire avec une amie de longue date et avoir mal aux joues.

Le bonheur, au fond, c'est simplement de vivre lorsqu'on s'arrête un peu pour prendre le temps d'en profiter.

jeudi 13 juin 2019

Histoire de coeur et d'entrailles ou comment se dénuder



Mets tes mains sur mon corps, je veux sentir tes doigts qui glissent sur moi, tes ongles qui pénètrent ma peau. Prends moi fort, prends moi doucement. 

Laisse moi cueillir une odeur au creux de ton cou, repousse moi pour me regarder et force ma nuque de tes mains afin que nos bouches ne fassent plus qu'une. 

Sers moi contre toi pour ne pas m'échapper. Agrippe moi par les cheveux et empêche moi de m'en aller. 

Mon coeur et mes entrailles t'appartiennent. Ils sont à toi pour toujours maintenant qu'ils ne savent plus comment survivre sans ça, sans cette douleur qui consume tout sur son passage, sans cette chaleur qui irradie de toutes les pores de ma peau. 

Désire moi comme tu as peur d'être délaissée. Berce moi, flatte moi comme une chatte que t'essaie d'apprivoiser. Possède moi jusqu'à me faire oublier qui je suis et pourquoi je suis ici. 


Aime moi ici, maintenant, directement sur les draps.


Mais avant.

ferme la lumière.

...que mes cicatrices du passé paraissent un peu moins. 

lundi 3 juin 2019

Maladie mortelle et drogue puissante... ou comment on succombe.


C'est une maladie qui vous frappe quand vous vous y attendez le moins. On vous le dit à répétition, mais c'est un peu comme les accidents d'avion ou la perte d'un être cher à la suite d'un cancer fulgurant : Ça n'arrive qu'aux autres. Cette maladie est bien plus contagieuse que la Polio, bien plus dévastatrice que la Peste. Elle atteint tout le monde, à n'importe quel âge. De l'homme le plus sportif et en santé, jusqu'à la femme de 90 ans qui peine à se lever le matin. Elle fait perdre la tête, elle scie les jambes et nous donne des sueurs froides. On ne sait pas toujours quand on est touché. Beaucoup de personnes arrivent à se voiler les yeux et en ignorer la présence. Pourtant, dès qu'elle nous frappe, elle nous coupe l'appétit et nous vole du précieux sommeil. Elle nous tient éveillée, et étourdit par la nuit, on entend les oiseaux s'éveiller sans qu'on ait réussi à fermer l'oeil. J'ai vu des gens devenir fous à cause d'elle, prêts à faire n'importe quoi pour la chasser ou pour la forcer à rester. Quand elle nous habite, tout fait mal, mais on finit par aimer cela. C'est l'arrogance de cette maladie : elle se glisse en nous doucement, subtilement ou nous foudroie sur place et nous rend accro. Elle se glisse par toutes les pores de notre peau, elle influence notre humeur, nos envies, nos perceptions sensorielles. Elle réussit à nous faire perdre tous nos moyens et gare à ceux qui tenteront de lui résister : ils s'en retrouveront vidés de toutes substance. Une fois qu'on a su ce qu'était être véritablement atteint, on passe sa vie à tenter d'être contaminé à nouveau. Certains sont même prêts à se nourrir de son illusion. à tenter de combler leur manque par un peu de chaleur empruntée n'importe où. Parce que oui, c'est une maladie, mais c'est aussi la drogue la plus puissante, la plus addictive qui soit. Elle vous rend vulnérable et vous donne l'impression que vous pourriez vivre 100 vies ou mourir demain. 

J'ai déjà été malade. J'ai été véritablement atteinte quelques fois, même. Je m'en souviens, mais quand j'essaie de m'en rappeler, il ne me reste que de futiles souvenirs. Les endroits où je me trouvais, les choses que j'ai vécues restent ancrés dans ma mémoire, mais l'essentiel, le ressenti que j'ai expérimenté me semble si loin. Me semblait si loin. Et puis, il y a quelques jours, elle m'a frappée. Je ne suis plus certaine si c'était assise devant une bière dans un bar dont j'oublie déjà le nom, ou dans une voiture bleue dans laquelle je frissonnais malgré la chaleur ambiante et celle qui montait dans mon ventre. Je ne sais pas si c'est quand je suis rentrée chez moi et que j'ai dû m'étendre parce que mes jambes se dérobaient sur moi. Je ne sais pas si c'est le lendemain, tard dans la nuit, où la musique et la nuit servaient de toile de fond à mon égarement. Je voudrais vous en dire plus, je voudrais vous expliquer chaque moment, à quel endroit et comment, mais tout ce qui est gravé dans ma mémoire, c'est un regard, un sourire, une odeur. Ce que je peux vous dire, c'est que j'ai mal à nouveau. Respirer me fait mal quand sa peau ne touche pas la mienne, mais encore plus quand c'est le cas. Ça fait 11 jours que j'ai le souffle coupé et ça doit commencer à m'intoxiquer, parce qu'un brouillard épais s'est installé dans ma tête. Je vis en suspension dans le temps, au dessus de mon enveloppe corporelle, à tenter de comprendre ce qui m'arrive, à vouloir reprendre possession de mon corps sans y arriver vraiment. J'ai sincèrement peur d'être intoxiquée à vie. J'ai voulu m'enfuir, prendre mes jambes à mon cou et foncer vers la porte. J'ai voulu m'envelopper dans un plastique épais pour me protéger. C'est que, voyez-vous, je me souviens encore de la dernière fois où j'ai dû être sevrée de cette drogue et j'ai bien cru y laisser ma peau. Je me suis pourtant rendue compte rapidement que la fuite n'était pas une option ; et à voir la personne qui m'a infectée, à voir comment elle succombait aussi à tous les douloureux, mais délicieux symptômes, je me suis dit que ce n'était pas si mal de mourir d'amour si c'était avec elle.