jeudi 29 novembre 2018

Be yourself or keep trying… ou comment se faire tatouer pour arrêter d’oublier

           

              Be Yourself or Keep Trying. C’est gravé dans ma peau. Littéralement. J’avais 19 ans quand je me suis fait tatouer la phrase que j’appelais mon mantra. J’étais jeune, j’avais encore beaucoup à apprendre, mais visiblement, j’en avais aussi beaucoup compris. Pour moi ça signifie qu’il faut continuer d’être authentique malgré la pression de la société, des gens autour de nous. Il faut toujours être capable de retrouver qui on est, ce qu’on veut. La partie qui n’est pas écrite, c’est qu’il faut aussi s’aimer, s’assumer. Et c’est peut-être le plus dur.

J’ai un grave problème d’estime personnelle. Lorsqu’on me rencontre on pense souvent que je suis confiante, fonceuse. Il faut dire qu’en étant une personne très (trop) directe et sarcastique, c’est un peu le message que ça envoie. Malgré tout, n’importe qui qui me connais un minimum sait que c’est loin d’être le cas.
Depuis des années – depuis ma naissance peut-être- je me remets en question. J’ai toujours été comme ça. Je crois qu’en quelque sorte c’est une force. Je ne suis pas du genre à m’asseoir sur mes lauriers mettons!  Je suis constamment en introspection, à tenter de comprendre tout ce que je ressens, à évaluer mes faiblesses et à chercher à les améliorer. Si on remonte d’une dizaine d’années, je ne m’assumais pas totalement (j’avais toujours ben juste 17 ans !), mais je dégageais une assurance qui en imposait. Je dirais même que c’est la meilleure année de ma vie : J’avais monté une comédie musicale d’A à Z à l’école, sans aide financière et sans support de la direction. J’avais des rêves plein la tête, de l’ambition à ne plus finir et l’avenir devant moi. C’est je crois mon dernier souvenir d’une Sabryna pleine de confiance.
Je me sens un peu comme si la vie était une balance de confiance et d’incertitude… C’est comme si, plus tu vieillis, plus l’incertitude s’installe et que tu perds l’équilibre constamment, assise dans ta balance… plus tant balancée. À coup de rejet et de blessure, on apprend que la vie n’est pas seulement fait de rêves et de promesses, et malheureusement, on devient de plus en plus cynique.  En vieillissant, j’ai commencé à perdre mon estime personnelle concernant mon physique. Moi qui pensais être dans le grade A des pièces de viande quand j’étais plus jeune, aujourd’hui, je me sens plutôt pogo. Je sais que je ne suis pas toute seule comme ça. Je sais qu’il y a plein de personnes qui se sentent un peu pogo des fois… ou tout le temps. Je sais que ça exaspère les gens autour de moi, tannés de l’entendre depuis trop d’années. Je suis grosse, je ne suis pas belle… (appuyez ici sur repeat pendant 10 ans). Il faut dire que même si je n’apprécie pas du tout mes PETITES poignées d’amour, je ne fais pas grand-chose pour améliorer la situation. Une ou deux fois par années je décide de couper le pain le matin, de faire 3-4 exercices, de sacrifier une vierge et de pratiquer le Feng Shui pour maigrir… Tout ça sans grand succès vous vous doutez bien. Mais on fait quoi dans la vie quand la chose qui nous rend le plus heureuse AU MONDE ENTIER c’est manger ? Tu es malheureuse et mince… ou enrobée et… malheureuse quand même parce que tu ne t’aimes pas… C’est ça les choix ?

Puis, vient le doute de la personnalité. Ça, c’est venu beaucoup plus tard. C’est encore tout récent, ça sort du four, attention c’est encore chaud. Ça, ça vient des dernières épreuves que j’ai traversées. Je l’ai expliqué dans mon premier billet : Tinder, le célibat pis tout pis tout. À force de rejet tu commences juste à te demander ce qui cloche tsé. Est-ce que c’est parce que j’ai encore la personnalité du Iphone 5 SE pis qu’on est rendu au 10 ? Il me manque quelles fonctionnalités ? Je pensais à ça et je crois que la dernière fois où je me souviens m’être sentie confiante c’est juste après ma séparation. Ironique ein? Je pleurais toutes les larmes de mon corps chaque jour, mais au moins je ne doutais pas de moi… J’étais libre et sur le marché à nouveau… c’était pleins de promesses et c’était excitant.

Toute ma vie, on m’a dit qu’il fallait être bien seule avant d’être en mesure de véritablement aimer quelqu’un. Je répondais que j’étais bien seule ! J’adore habiter seule, j’aime (J’AI BESOIN) de passer du temps seule avec moi-même à regarder la télévision, à lire…Fac c’était acquis non? Non. Je le vois bien aujourd’hui que je ne suis pas bien seule. Être bien c’est ne pas douter de soi-même quand tu n’as personne pour valider. C’est être assez confiante de sa personne pour se lancer dans l’univers avec personne pour te supporter à côté et t’aider à te relever quand tu t’enfarge. Pis moi, ben je suis pas mal maladroite… Ça fait que c’est avec des genoux tout éraflés que je dois continuer à me trouver belle pis bonne.

J’ai écouté un podcast dernièrement qui disait qu’il faut être sa meilleure amie. Il faut penser à nous-même comme à une personne qu’on estime énormément, qui nous impressionne, qu’on trouve belle, drôle, forte, intelligente. Traite les autres comme tu voudrais être traités qu’ils disent. Finalement c’est un peu le contraire. Pour moi en tout cas. Je dois apprendre à me traiter comme je traite mes amis. Pis ça semble peut-être ben ben niaiseux, mais je trouve ça toff en ti-pépère.

Comment faire pour arrêter de voir les bourrelets dans le miroir? Comment faire pour arrêter de se comparer constamment ? Comment arrêter de penser que je suis moins intéressante que mon amie, ma collègue, ma sœur ?

Le podcast que j’écoutais expliquait justement que c’est ton cerveau qui est mal programmé. Il envoie des messages négatifs… pis toi, ben tu le crois… c’est ton cerveau ! S’il dit que je suis grosse, pas bonne, pas drôle, que je parle trop ou pas assez… Ça doit être vrai, non? Ça aurait l’air que non. À chaque jour il faut continuer à se battre et à réfuter ce qu’il dit de négatif.

Ça fait que j’essaie ça dernièrement. Je me suis mit des post-it sur mon ordinateur au bureau pour me rappeler de me dire, 100 fois par jour : je me pratique à penser que je suis belle, je me pratique à penser que j’ai beaucoup à donner… bla bla bla. Et même si j’ai toujours voulu être une meilleure personne en améliorant mes faiblesses, aujourd’hui, j’essaie une nouvelle stratégie : me concentrer sur mes forces pour m’épanouir. Parce que même si je n’aime pas toujours, même si j’ai des faiblesses que j’ai du mal à accepter, je sais que j’ai aussi des grandes forces qui peuvent me mener loin.
Je sais que c’est à moi de régler le problème, sinon je ne serai jamais totalement heureuse… et puisque je suis la seule passagère de ma vie qui est assurée de faire le chemin de A à Z… aussi ben aimer mon char un ti peu !

À 27 ans, je crois qu’il est grand temps que j’apprécie la personne que je suis, mais il n’est jamais trop tard. Il faut croire que j’avais besoin de me faire brasser un peu par la vie et de me retrouver seule pour m’en rendre compte. Ce billet s’adresse à tous ceux qui comme moi ne s’aiment pas totalement. Et quand je parle de s’aimer, je parle de vraiment… s’adorer. Pas de se contenter d’être neutre. S’AIMER. Tout le temps, à la folie. Il n’est jamais trop tard. À 10 ans, à 17 ans, à 27 ou à 67.  Parce qu’après tout, on est pas mal pognés pour la vie.

Là-dessus, je vous laisse, je vais aller sacrifier une vierge 😉


S.L.